Friday, March 18, 2005

Max Pécas à Saint-Germain des Prés

Ah, ils sont tout fiers aux Inrockuptibles de nous annoncer la 240 000ème place vendue pour le film de Desplechin mais faudra pas compter pour le 240 001ème pour amplifier le bouche à oreille. Ah, ça non ! Je ne dirai pas que ce film est une imposture car j'ai trop de sympathie pour les imposteurs et l'énergie qu'ils mettent à ne pas être démasqué pour compter Desplechin dans cette catégorie. Non, c'est juste une pénible filouterie avec comme complices les trois quarts de la critique ébahie. Mais ébahie par quoi, je vous le demande ? par la mise en scène chichiteuse qui nous refile des plans sur plans toutes les cinq secondes parce que ça doit faire " artiste ", par les dialogues qui feraient passer ceux des films de Duras pour un modèle de simplicité et de naturel, une direction d'acteurs inexistante ( tout le monde fait son numéro, de Roussillon à Girardot en passant par Lvovsky ) mais je garde le meilleur pour la fin. Je croyais jusqu'ici que Nathalie Wood dans La fureur de vivre avait établi le mètre-étalon de l'exécrable mais je ne connaissais pas mon bonheur et je n'avais pas encore vu Emmanuelle Devos dans Rois et reines . Que son fiancé (dans le film ) se flingue au bout de 5 minutes de vie commune ( qui et je me permets de l'écrire au passage en tient aussi une sacrée couche ! ), mais comment le lui reprocher ? Prenez Bécassine et demandez-lui de jouer Phèdre et vous aurez une petite idée de l'ampleur du désastre. Elle joue tellement mal qu'elle réussit l'exploit de vriller à la fois les oreilles et les yeux si cela est possible.
C'est bon, le pire film de 2005 est sorti en 2004 : vous pouvez retourner au cinéma !

Beautiful loser

Pas mieux filmé qu'un téléfilm, avec des couleurs qui feraient passer les pubs "Hollywood Chewing gum" pour des trailers de Mulholland Drive, un scénario si prévisible qu'on devine chaque situation rien qu'en fermant les yeux et une muzak inane ( dieu sait que je suis pourtant un expert ) dont même Russ Meyer n'aurait pas voulu pour Megavixens, Sideways semblait mal barré pour allécher le populo en mal de sensations fortes cinéphiliques. D'autant plus que l'argument oenophile fait long feu lorsqu'on mate la couleur frelatée de la plupart des crus que se tapent les acteurs. Mais heureusement, il y'a Paul Giamatti. Déjà repéré dans Storytelling et American Splendor, le bougre assure le service après-vente à lui tout seul. A peine plus sexy que Robert Crumb, moins déplumé que votre serviteur, souvent plus déprimé que Woody Allen mais infiniment plus drôle que Droopy, il donne le la pour toutes les prestations de loser passées, présentes et à venir. Sempiternellement le nez dans ses chaussettes, une voix de fausset désaccordée et deux gros yeux de mérous sous Xanax, il est l'anti-héros que se cherchait le cinéma américain depuis Hollywood Endings. On rêve de le voir maintenant dirigé par un vrai bon ( Allen ? Les frères Coen ? Anderson ?) et non un anonyme tâcheron tout juste bon à diriger la troisième équipe sur K 2000.
A suivre...