Tuesday, December 05, 2006

Peut-on faire du bon cinéma avec de la mauvaise musique ? Peut-être après tout mais une partition médiocre m’enlèvera toujours une bonne partie du plaisir éprouvé par le simple visionnement des images. C’est la musique, qui, indicateur perspicace, m’avait fait comprendre le caractère frauduleux d’American Beauty. A l’inverse, une grande part de ma fascination pour le travail de Sofia Coppola tient au soin qu’elle apporte à ses bandes originales de même que je serai toujours gré à Scorsese d’avoir conservé les notes d’Herrmann ( subtilement réarrangées par Elmer Bernstein) pour son remake de Cape fear .

The Departed

Tout ce préambule pour vous dire qu’il n’y a pas grand chose à sauver de la musique de The Departed. Gimme Shelter, Let it loose, ok, mais ça, vous n’aviez pas attendu 2006 pour les savourer. Quant au reste, cela oscille de l’audible (Sail on Sailor, un single anodin des Beach Boys ( et dieu sait que…)) au franchement pénible (une infecte reprise de Comfortably numb ( déjà que l’original, hum…) par Van Morrison, Roger Waters et The Band) en passant par deux trois gratouillis de guitare embarrassants dont Howard Shore nous gratifie , pensant sans doute que le spectateur n’y fera pas attention, distrait qu’il est par les multiples fusillades en son Dolby.
Le handicap, on le voit, est lourd à gérer mais on se rassure en pensant que celui qui dirige l’attelage n’a rien du percheron anonyme. Ouais, ouais, là encore, je suis loin d’être enthousiaste. Le montage est pratiquement toujours basé sur le même principe, alternant plans fixes rapprochés ( notamment sur DiCaprio ( pas mauvais si on le forçait un peu moins au paroxysme)) et plans speedés de braquages ou de règlements de compte ; les flics citent Hawthorne pour faire oublier qu’ils imitent José Garcia dans NPA et puis surtout Scorsese nous rejoue une partition qu’on a déjà beaucoup donné ( la poreuse frontière entre le bien et le mal, les flics infiltrés, les rivalités entre gangs, tout ça …) sans mentionner Nicholson qui à 70 ans passés, réendosse le costume du Joker ricanant. Bref, si je voulais jouer la provocation, je dirais bien que, sur un sujet pas si lointain, Copland de James Mangold offrait un spectacle autrement passionnant mais il faut dire aussi qu’alors Howard Shore se souvenait qu’il avait travaillé avec Cronenberg.

No good score, no masterpiece.