Les illusions perdues
On voit très bien ce que 17 again aurait pu être et n'est malheureusement pas. Le premier quart d'heure, assez réussi, dresse le portrait d'un trentenaire désabusé, Mike O'Donnell (Matthew Perry), pour qui les grandes espérances se sont stoppées nettes le jour où sa petite amie lui a annoncé à 17 ans qu'elle était enceinte de ses oeuvres. Mike était un élève doué, un basketteur accompli, parfaitement intégré dans son high school d'Hayden et promis à une université brillante (qu'il aurait pu intégrer grâce à une bourse décrochée eu égard à ses performances sportives). Mais voilà, l'annonce de cette grossesse et l'union subséquente vont tout faire capoter. Adieu, diplômes universitaires et carrière brillante. Bonjour vie médiocre, enfants ingrats, quotidien étriqué et promotions sans cesse remises au lendemain. Pendant presque vingt minutes, on tenait un avatar hollywoodien des Illusions perdues et Matthew Perry pouvait presque prétendre porter sur ses épaules le costard du formidable personnage créé par Philip Roth dans American Pastoral, The Swede (remplacer le basket par le base ball), à qui lui aussi tout était promis et pour qui lui aussi tout foira. Dans une très belle séquence, Mike O'Donnell, adulte revient sur les pas de ses exploits pour constater que le warrior d'hier n'a jamais concrétisé les rêves de sa jeunesse (sa femme (belle métaphore) dont il est séparé ratiboise les arbres du jardin de leur ancienne maison). Hélas, la mélancolie de ce premier quart d'heure fait vite place à un divertissement familial où Mike O'Donnel récupère sa jeunesse afin de rectifier ses erreurs de trajectoires. Zac Effron (moins détestable que ma fille Anne me l'avait décrit) étant sûrement plus vendeur que Perry (malgré Friends), on a droit à un gentil teen movie, bien moralisant et qui oublie très vite les ambitions du début. Volatilisées les frustrations et les déceptions de Mike adulte, bienvenue aux joutes verbales de Mike adolescent avec ses condisciples et au préchi-précha déplaisant vantant les bienfaits de l'abstinence. Alors, bien sûr, des punchlines de Ned Gold (Thomas Lennon) naissent quelques sourires mais le mal est fait et chacun retrouvera sa chacune en évitant de creuser le filon scabreux qui voit Mike, redevenu jeune, dragué par sa propre fille. A un moment pourtant, le cahier des charges imposé par les ligues de vertu a du être trop fort et Burt Steers leur adresse un joli pied de nez. Quand Mike, 17 ans ,sermonne ses copines cheerleaders en leur disant que si elles n'ont pas plus de vertu, personne ne les respectera et que l'une d'entre elles répond : "c'est justement ce que je veux que tu me respectes pas", on respire enfin mais c'est bien court au milieu d'un rata monogame sans saveur qui donne envie d'adhérer à un club échangiste. La fin ravira les ménagères, les cinéphiles, eux ont déjà et depuis longtemps fait le deuil des ambitions du film.