Des critiques ont dit d’Hitchcock qu’il filmait les scènes d’amour comme les scènes de meurtre et les meurtres comme un acte d’amour. Comment ne pas alors invoquer l’esprit du Maître après avoir visionné la magnifique scène finale d’Entre ses mains, le film d’Anne Fontaine actuellement sur les écrans.
Ne sachant rien de l’intrigue, j’étais parti au Dragon, simplement au vu de ce que promettaient une rencontre entre Benoît Poelvoorde et Isabelle Carré. J’aurais dû me souvenir qu’Anne Fontaine avait déjà signé plusieurs films dont le très perturbant Nettoyage à sec. Même si les premiers plans sur le visage empâté de l’ex- Monsieur Manattane suintaient déjà le malaise qui allait lentement se propager à l’ensemble du film, je partais pour une chronique douce-amère réussie dans la lignée de L’année Juliette ou de l’Irrésolu mais pas pour un drame hitchcockien. Non, Anne Fontaine a visé haut en refusant de cantonner le personnage de Laurent dans la posture du monstre et en écrivant une histoire d’amour tordue et pathétique. Isabelle Carré, qui, malgré tout le mal qu’on a pu en dire , est tout de même une des très rares actrices actuelles à pouvoir conjuguer l’innocence et la perversité ( les scènes en discothèque ), suscite le trouble, ce fameux trouble qui manquait si cruellement au jeu de Natalie Portman dans Garden State. Quant à Benoît Poelvoorde, rassurez-vous, je ne vous ferai pas le coup du syndrôme Tchao Pantin. Il confirme plus qu’il ne révèle tout le bien qu’on pouvait penser de lui depuis C’est arrivé près de chez vous. Mais le principal artisan de cette réussite, c’est bien Anne Fontaine qui filme au plus près des corps ( le tête à tête terrassant près de la salle de danse ) , qui maintient la tension sans faillir et débusque nos peurs les plus enfouies.
1 Comments:
Bonne surprise effectivement ! Sur un sujet glissant, B poelvorde incarne la perversion à merveille et l'on sort inquiet de s'être laissé séduire.
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