Oui, j’ai mauvaise conscience. La 33ème édition du Festival de La Rochelle s’achève et je n’ai pas vu un seul film.
Jusqu’à 2005, sans atteindre des records de fréquentation, j’avais réussi à voir bon an, mal an deux ou trois films. Mais cette année, pas même un petit court-métrage d’animation avec les enfants. J’essaie de trouver des raisons à cette désaffection à priori inexplicable. La Rochelle a pourtant de grands mérites à faire valoir en dehors de son immédiate proximité géographique ( 25 minutes pour être garé ). D’abord celui de ne pas offrir de prix, mais aussi de proposer des films du monde entier et des rétrospectives passionnantes (cette année, Blake Edwards et Michael Powell), bref d’être un festival pour cinéphiles. C’est peut-être là que le bât blesse. Trop de cinévores et pas assez de cinéphiles. Voir des salles pleines à craquer pour un film d’Amos Gitaï ou de Rithy Panh, c’est très bien mais d’où vient alors cette impression que beaucoup de spectateurs présents semblent là uniquement pour rentabiliser leur carte de libre-circulation (j’avais ressenti la même sensation irritante au Printemps de Bourges il y'a de cela vingt ans).
En fait, ma grande déception avec ce festival date de l’été 2002. Je me souviens m’être fait une joie d’emmener Matthieu voir Tom Horn, l’avant-dernier Steve McQueen (Juliette Binoche l’avait choisi pour sa carte blanche ), un film qui n’encombre pas les salles obscures, c’est le moins que l’on puisse dire. J’arrivai plein d’enthousiasme devant le Dragon une bonne demie-heure avant le début du film mais hélas, une jeune hôtesse tira une cordelette devant elle nous signifiant que la salle était désormais pleine mais que l’on pouvait encore se rabattre sur le Francesco Rosi. Je me rappelle alors avoir eu une grande bouffée d’agressivité ( « va te faire foutre, pensai-je ( certes fort injustement ), je ne suis pas venu voir n’importe quel film mais pour me régaler de mon acteur fétiche ! » ) en maudissant tous ces festivaliers consommant des films comme d’autres mettent un point d’honneur à faire toutes les attractions du Parc Astérix. J’étais jaloux de tous ces spectateurs entassés pour qui McQueen avait autant d’importance que l'accessoiriste des Amants du Pont-Neufpour ma voisine grabataire. J’ai offert une glace à Matthieu pour tâcher d’effacer sa déception et la mienne mais ce jour-là, bêtement sans doute, quelque chose s’est rompu dans mon attachement à ce festival.
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