Friday, May 06, 2005

Oh no, not another teenage movie !

Il y’a dans Donnie Darko tous les ingrédients du teen movie traditionnel, celui que je scrute à la loupe de l’ethnologue depuis que John Hugues nous a mis en relation, Molly Ringwald et moi ( un père aux petits soins pour sa pelouse, une mère sous tranquillisants, une péri-urbanité étouffante, une high-school au porche en briques rouges, des proto-cheerleaders en guise de spectacle de fin d’année, une Halloween party évidemment dans le dos des parents, des bullys à cran d’arrêt et même une bande-son beaucoup plus anglaise que ce qu’écoutaient les américains d’alors ( à l’identique de Pretty in pink ) mais tous ces composants-là sont subtilement contournés, tordus de l’intérieur sans que jamais la parodie n’effleure ( ce qui aurait ruiné le projet même du film). Les profs ne sont pas que des caricatures ( Drew Barrymore et Noah Wyle au premier chef ), Donnie est creepy à l’extrême mais avec des signes extérieurs de normalité ( ce qui le rend encore plus effrayant que Tobey Maguire dans Wonderboys avec qui il entretient d’ailleurs une parenté intellectuelle, physique et vocale assez étonnante), on va voir Evil Dead au cinéma mais on lit Stephen Hawking en douce, la lovestory refuse aussi bien le pathos que l’attendrissement larmoyant et ( chose rarissime ici ) on parle même politique ( Dukakis est mis en balance avec George Bush le père ). Donnie Darko
Bref, le genre est suffisamment subverti ( mais le squelette est là, presque charnu ) pour que celui qui goûte modérément aux frasques d’Uncle Buck ou de Sweet sixteen trouve quand même son pied. La partie fantastique ( généralement moins mon truc ) n’abuse pas d’effets spéciaux tape-à l’œil et préfère instiller une angoisse sourde ( quelques beaux plans de villes inondées et d’une hache enfoncée dans le crâne d’un colosse de bronze ). Frank, le double inassumé fait d’ailleurs moins froid dans le dos que les adeptes béats du gourou Cunningham et leur bonheur obligatoire, aussi « flippants » que les voisins White trash d’Edward Scissorhands.
Et puis et c’est vraiment un signe qui ne trompe pas, la fin est réussie, laissant la métaphysique au rancard et le spectateur à la misérable réalité de l'existence.

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